C’est abandonné sur la plage. Quelque chose de noué.
Mourir en a perdu son air tranquille.
Un paquet de peau mal foutu
Comme si quelqu’un s’était débattu dedans,
Toute une énergie
Qui a cherché des yeux pour s’en aller, qui a son cul fermé.
A la fin ça s’est raidi
Au maximum d’un effort. C’est peut-être plus rien, ou si
Ça continue d’accuser le sort ?
L’océan comme une vieille sorcière défaite.
C’est plein d’énergie et d’épuisements.
Comme si on avait noué une matrice
Un sac de plastique plein
Pour que ça reste dedans
(La sanie le sang qui saliraient) une matrice
Ou tout un corps mutilé, que ça s’échappe pas
Les organes pas retenus ; le nœud tire
On sent qu’il est bien fait.
On n’est pas trop fier d’en être content.
Comme si
On avait fait un nœud à son tourment
Un nœud à sa douleur. Comme si
Un nœud à son désir.
On sait mal pourquoi: une précaution, ou à cause d’une colère
C’est tout tendu
Comme un sac avec un gamin dedans
(les plus grands qui l’ont fourré là, l’enfant
Avait comme un désir d’y rentrer)
Le jeu. La peur. Les autres sont partis.
Le noir silencieux. L’océan comme une rumeur dans un grenier fermé.
Le temps fermé. La vie qu’on s’est débattu dedans.
On entend l’océan qui s’en va. On a
Un petit garçon noué, comme une crampe
Dans les mots qui sont venus.
A y regarder de plus près, le noeud rassure.
Parce que_la seule chose un peu solide.
Evidemment
On peut penser à un baillon autant
Qu’à un pansement. En tout cas un noeud
Pour toucher à du vivant. Même si
Avec de la mort dedans.
James SACRÉ
Texte : Droits réservés.
Poème publié dans le catalogue Michel Raimbaud de juin 1991 – Édité par la Caisse d’Épargne de Vendée