Texte écrit pour le spectacle « La Nef des Fols » donné en 1998 par la Compagnie Catherine Massiot. Représentations au Château de Pierre-levée (Olonne-sur-Mer) et devant la Tour d’Arundel (Les Sables d’Olonne).
Ph. Leslie Laidet
Écoute, écoute, la voûte s’égoutte dans la choucroute
Ecoute Dulcinée, ma rose, ma douce, ma petite reine de Sabah – j’approche des rumeurs de la mort – mes mains, quelle fumée ! Si tu savais. Plus rien – Plus serrer – Plus monter – et il y a toujours, ici, cette nuit, ce détroit à franchir, groupir et désir, sans se meurtrir – Clodomire, ma toute belle en dentelles d’aurore.
– Sur la mer, longue, infiniment, entends le vent, le vent sauvage de mer énorme
– Dulcinée, ma courte-cuisse adorée, puisses-tu être née d’une génisse, une pythonisse, qui nous fasse jaillir de cet abysse, ou je glisse, mon ISIS,
– Attends, mon prince (Grand gosier, Hurtaly, Isaure), attends la marée, le jusant désiré va nous délivrer –
Des trains dans l’océan, innombrables, obscurs, immenses, insondables déhalent la mer de nos rivages – comme ils s’écartent les continents ! comme ils s’écartent pour nous laisser courir…
Là-bas, dans le suette de Tanchette où Raimballe de la Pironnière suspend ses gabarres dans son ornière dernière, méchantes goàles, et chars à bancs bleus guindés de voiles, la dune de sable va s’effondrer
– La grand plage est malade – on lape la vase à fleur d’algue – toute la plage s’effondre…
– Attends encore un peu mon grand beau boudin nouar, n’appelle pas Raoul, la houle s’écoule, longue et déhalée en douceur – Ne groume pas, mon petit Kagnon mignon, mignon, suce ton pouce, mon petit mousse, ragale ta frimousse, zézète de l’amirolette –
Dulcinée, ma fine boubine sans écaille, mon beau petit patagou pas zirou, c’est pas une chaleur madagascaricale. Le cirage ne bouille pas sur nos chaussures pendant que le Pacha fait la revue ; Derrière, la – haut, hors les murs…
Du temps où les bêtes parlaient, y a pas trois jours, mon amour en cul de four, c’était le vide –
Angoisse, mêlasse, dans la fnasse flasque
Angoisse comme un seul grand mat sur la mer –
Monde étranglé, ventre frouat dégrabassé des méduses obtuses qui teurlusent leur face camuse de recluses –
Dans le nouard nous verrons clair, mes frères, nous n’irons pas patroyer pele – mele et gaboriat la peau bleue dans la congrée des Rochebonnes…
– Dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite – pas d’icebergs ici, sans garde-fous, sans ceinture, où les Guilloux culotte de vent d’amont et les âmes des matelots morts depuis peu, viennent s’accouder aux nuits enchanteresses de l’hyper boréal –
Icebergs, phares glauques gelés des mers incontemplées, le cri éperdu de votre silence sans issue durera les temps…
Viens ma jolie, apporte moi ton bouillon de godaille, époumaille mon écobaille, avant que je ne défaille ; voici nos fiançailles, vaille que vaille et sans groumaille, pousse mon pied hors du trou bergout, ne tangue pas sur ta bosse torluzarde, chasse la boucaille de mes cenelles, ne reste pas dans mon sillage comme la grosse margouline, cette souline à la jupette ras-la sortie d’eau, reste pas en ralingue,
Là-voilà… ma petite poulie – coupée mignon pas haute sur l’eau, gréée comme grappin en sac, aide ton grand cartahut envergué tout dessus,
O ma désirade, toujours si belle en rade, belle incomprise, brisette et jolie brise,
Mousse d’embruns, rale bouline, main sur main, reste pas acagné, tout ageliné avec ton air amarré, ma petite chevrette,
Quand on sera là – haut, je te promets bisettes en gralettes, dans le chaud profond de ta caralette, ma bibette enjomineuse – t’as pas des jambes de galvesse ma bougresse mais je t…
Michel Raimbaud,
20 avril 1999, 7 h 10 à La Pironnière